Lorsque l’organisation est à l’arrêt et qu’elle cherche un second souffle ou veut s’engager dans un vrai projet de croissance, il est indispensable de communiquer une vision et donner du sens à l’action de chacun des collaborateurs pour les guider et les inspirer.

En effet, les entreprises qui prospèrent sont celles qui savent sans cesse se repenser, se réorganiser, changer de stratégie sans jamais renier leurs valeurs fondamentales, en quelque sorte gérer la continuité et le changement.

 

Pour construire sa vision d’entreprise, deux grandes étapes doivent être poursuivies

A/ Définir l’ADN de votre entreprise : ce que vous défendez (valeurs), et ce pour quoi votre entreprise existe (son objectif fondamental).

C’est le ciment grâce auquel une organisation se maintient à mesure qu’elle grandit ou se modifie.

Définir l’ADN de votre entreprise, c’est poser sur le papier un ensemble de principes directeurs qui ne nécessitent aucune justification extérieure ; des principes immuables qui ne tiennent pas compte de la situation concurrentielle par exemple. C’est le domaine du choix avant tout du dirigeant et de son équipe.

Faire émerger l’ADN de l’entreprise. C’est savoir dire qui on est.

B/ Créer un grand projet ambitieux pour votre entreprise : ce que vous aspirez à créer, devenir, accomplir et qui va nécessiter des changements, des progrès… Un grand objectif, simple à énoncer, ambitieux et mobilisateur qui permette de concentrer tous les efforts de l’entreprise vers l’accomplissement de ce grand défi.

Créer un grand projet, c’est savoir dire où l’on va, éclairer le chemin.

 

Comment procéder en pratique ?

  1. Identifier les valeurs fondamentales 

Lister les valeurs qui occupent une place centrale pour vous.

S’il y en a plus de 5 ou 6 essayez de distinguer ce qui est immuable de ce qui est du domaine des pratiques opérationnelles, des choix stratégiques ou des normes culturelles.

Pour chaque valeur identifiée, demandez-vous si vous la garderiez, si celle-ci était un jour de nature à pénaliser l’entreprise ? Si ce n’est pas le cas, c’est qu’il ne s’agit pas pour vous d’une valeur fondamentale mais uniquement d’un élément de la stratégie.

Posez-vous aussi la question suivante : Imaginez que la valeur choisie ne fasse plus la différence sur votre marché, conserveriez-vous néanmoins celle-ci ?

En cas de difficulté pour formuler ces valeurs, allez alors de l’individu à l’entreprise. Constituez un tout petit groupe de personnes qui selon vous représentent vraiment les valeurs de l’entreprise telle que vous l’imaginez. Interrogez-les directement sur les points suivants :

  • Quelles sont les valeurs que vous portez personnellement dans votre travail, auxquelles vous tenez, qu’elles soient récompensées ou non par l’entreprise ?
  • Que diriez-vous à vos enfants concernant les valeurs que vous portez à votre travail ?
  • Si vous deviez créer une activité dans un autre secteur professionnel, quelles sont les valeurs fondamentales auxquelles vous ne voudriez pas déroger et que vous souhaiteriez faire partager ?

 

  1. Exprimer le but fondamental

C’est essentiel, car c’est savoir expliquer, partager et faire adhérer sur la raison d’être de l’entreprise. À quoi je sers ? Le but est par définition un idéal difficile à atteindre, une étoile qui brille à l’horizon.

Le but ne saurait se réduire à une description de réussites opérationnelles sur des marchés identifiés ou à la mise en œuvre de solutions techniques. Le but fondamental correspond plutôt à une promesse, un engagement vis-à-vis des parties prenantes (salariés, clients, autres acteurs concernés par l’activité de l’entreprise).

Pour citer des exemples connus, le but de 3M ne peut pas être défini comme celui de fournir des rubans adhésifs mais une quête perpétuelle d’innovation pour résoudre des problèmes irrésolus. Celui de Walt Disney n’est pas de produire des dessins animés mais de rendre les gens heureux…

En cas de difficulté pour exprimer le but fondamental : utilisez la technique des « 5 pourquoi » en partant de l’expression de l’offre de service.

Exemple : Nous proposons les services X et les produits Y : Pourquoi est-ce important ? A chacune des réponses apportées, redemandez-vous cinq fois de suite pourquoi est-ce important. Après quelques « pourquoi », le but essentiel se dévoile…

Autre possibilité, posez-vous la question de ce qui serait perdu si un jour l’entreprise devait disparaitre ? Ou en quoi il est important que l’entreprise continue à exister.

L’expression des valeurs et du but fondamental a pour vertu d’attirer vers l’entreprise des individualités dont les valeurs personnelles sont proches de celles de l’entreprise et qui se reconnaissent dans son but. Elle permet aussi de retenir ceux qui se sentent à l’aise avec l’idéologie de l’entreprise et de se séparer progressivement des salariés peu impliqués dans le projet. C’est donc un élément de fédération crucial au moment d’entamer un projet de croissance.

 

  1. Mobiliser autour d’un grand projet audacieux

L’idée est de vraiment définir un objectif de taille pour son entreprise, pas un simple objectif opérationnel tactique ou stratégique. C’est un projet à long terme qui va transformer l’entreprise et qui nécessite des efforts considérables de la part de tous. Ce projet ambitieux doit recueillir l’adhésion de la grande majorité des collaborateurs qui sont convaincus qu’elle peut y arriver car ce projet les fait rêver. Ce projet ambitieux par essence comporte naturellement une part de risque, celui de ne pas arriver à le réaliser. Mais il met en tension l’ensemble de la structure car s’il est réussi, il change fondamentalement la face des choses.

Il faut ensuite réussir à le traduire avec des mots vivants, simples, imagés qui marquent les esprits et qui expliquent le chemin pour y arriver.

L’exemple le plus abouti est sans doute celui de Ford qui exprimait ainsi son projet :

« Je construirai une automobile pour le plus grand nombre… Elle sera si abordable qu’aucun homme gagnant un salaire correct ne sera dans l’incapacité d’en posséder une… Lorsque j’en aurai terminé, chacun pourra s’en offrir une… Le cheval aura disparu de nos routes et l’automobile sera tenue pour acquise… »

Pour arriver à définir ce grand projet, il faut arriver à répondre à ces questions :

  • À quoi devrait ressembler notre entreprise dans 10 ans, 20 ans ?
  • Comment devrait-elle être perçue par ses employés ?
  • Que souhaitons-nous que l’on dise de nous dans 10 ans, 20 ans ?

Plusieurs types de grands projets existent et peuvent servir de base de réflexion :

  • Les projets à objectif quantitatif comme Wallmart souhaitant devenir la plus grosse société mondiale en termes de CA
  • Les projets à objectif qualitatif comme Ford souhaitant rendre l’automobile accessible à chacun
  • Les projets visant à détrôner un concurrent comme Nike voulant surclasser Adidas dans les années 70/80
  • Les projets d’assimilation à des modèles visant à devenir le pendant sur son marché d’un leader référent sur un autre (Darty du service, devenir le Google du net sur son secteur…)

 

La recherche de cet objectif est une étape très créative où il faut laisser libre cours à ses envies. Il ne peut y avoir de projection « juste ». Seul le fait d’avoir créé une véritable dynamique nouvelle au sein de l’entreprise et d’avoir mis les collaborateurs en mouvement vous permettra de savoir si vous avez visé juste.