Né de cinq frères dans les années 70, le Groupe Brioche Pasquier est aujourd’hui un incontournable qui s’invite à tous les repas. Retour sur les stratégies qui ont propulsé la petite brioche du sud du Maine-et-Loire dans les habitudes des petits et des grands et sur le succès d’un groupe qui a misé sur la proximité, en compagnie de Pascal Pasquier, Président Directeur Général.


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Pascal Pasquier, pouvez-vous nous raconter l’histoire du Groupe Brioche Pasquier ?

C’est d’abord une histoire de famille. À l’origine, nos parents vivaient dans un petit village dans le sud du Maine-et-Loire, aux Cerqueux. Mes frères ont créé en 1974 l’entreprise Brioche Pasquier. Ce n’était pas un hasard : mes parents étaient boulangers. Plus jeune de la fratrie, je les ai rejoints dans cette aventure en 1976. Nous étions cinq, avec chacun nos compétences : finance, industrie, commercial, marketing, pâtisserie et boulangerie.

Vous êtes aujourd’hui un incontournable des goûters, des petits déjeuners et de la gourmandise en général : quelle a été votre stratégie de croissance à l’époque ?

Tout d’abord, une chose très importante : nous avons démarré avec la brioche et la volonté de distribuer un produit frais… Tout simplement parce qu’une brioche est bonne quand elle est fraîche ! Au vu de l’évolution et du succès de ce produit, il nous a paru évident que nous ne pouvions pas rester chez nous : il fallait être au plus près de nos clients donc des consommateurs pour continuer à rester dans la fraîcheur. Un autre élément clé de la croissance de notre entreprise : la volonté de mon frère Louis-Marie a été de travailler en direct avec la grande distribution. Ce qui peut paraître évident aujourd’hui, mais qui ne l’était pas à l’époque. Dans les années 70, la grande distribution en était encore à ses premiers pas, et il était courant de passer par des intermédiaires pour atteindre les rayons des grandes surfaces.
Troisième élément important : comme nous ne souhaitions pas rester uniquement dans notre village d’origine, il nous fallait travailler la notion de proximité, non seulement avec nos consommateurs, mais aussi au sein de nos équipes. Créer des sites à taille humaine, à la manière d’une PME. Ces trois décisions ont été capitales pour notre croissance et pour l’esprit du Groupe Brioche Pasquier, et le sont encore aujourd’hui, 42 ans plus tard.

Le premier site décentralisé, c’était en Isère…

Cette première décentralisation a été un élément marquant, car tout de suite s’est posée la question suivante : est-ce juste un site de production ? On ne voulait pas d’une simple extension mais d’une véritable implantation dans le tissu local (associatif, économique…) qui s’inscrive pleinement dans ce que nous appelons l’ancrage territorial. Notre modèle de site de « plein exercice » repose sur une direction industrielle et une direction commerciale avec leurs propres services respectifs (fonctionnels et opérationnels).

Pour ce faire, nous avons mis en place un management socio-économique qui repose sur un équilibre entre la performance économique et les structures et organisations. Pour l’anecdote, des années après mon retour au siège des Cerqueux, en retournant dans l’Isère, quelqu’un m’a fait entendre que les frères Brioche Pasquier étaient originaires de l’Isère. J’ai trouvé cette remarque intéressante, que les locaux puissent nous associer à leur région.

Quels ont été les grands tournants historiques du Groupe Brioche Pasquier ?

Si les décentralisations ont été marquantes – nous avons aujourd’hui 13 sites en France –, les années 90 ont été la décennie de la diversification de nos produits, notamment au travers de la pâtisserie. L’année 2000 a été marquée par le tout premier film de notre marque Pitch. Aujourd’hui, Brioche Pasquier est structuré autour de 5 activités : la brioche, la biscotte, la pâtisserie, l’international et Agri Pasquier. Effectivement, Agri Pasquier est un aspect moins connu du groupe, cette activité est spécialisée dans l’aliment du bétail, un héritage de notre père qui avait créé cette activité pour approvisionner en pain et en aliments du bétail les agriculteurs des fermes alentour. Agri Pasquier a pour moi beaucoup de sens car nous sommes proches du monde agricole : nous avons besoin de lait, d’œufs et de beurre, c’est la base de notre activité.

Quels sont les objectifs du groupe Brioche Pasquier dans les années à venir ?

Après notre ouverture à l’Europe dès 2000, nous sommes aujourd’hui implantés en Angleterre, et aussi installés en Belgique, Espagne, Italie. Nous comptons par ailleurs accélérer notre développement à l’international : cela s’est concrétisé en 2012 par l’acquisition d’une entreprise dans la baie de San Francisco. Une chance, nos produits sont bien accueillis partout ! La gourmandise est somme toute universelle, mais il faut y aller pas à pas, et bien faire les choses là où nous sommes implantés.

Votre vision de l’entreprise ?

Aujourd’hui, on parle beaucoup de crise. Je le dis, avec beaucoup de prudence et d’humilité toutefois, mon appréciation personnelle est que nous ne vivons pas une crise, mais une mutation de notre société. Le poids des relations transversales est beaucoup plus évident avec l’émergence de la digitalisation. Notre défi sera de faire converger les usages personnels et professionnels, et ainsi éviter le décalage entre les générations en respectant les stratégies et les politiques managériales. J’insiste également beaucoup dans l’entreprise sur une notion qui demande du travail en permanence : la notion d’équilibre. Aujourd’hui plus que jamais, ce principe d’équilibre est omniprésent : entre hommes et femmes, entre services opérationnels et fonctionnels, entre moyen et long terme… Je pense que la transversalité et la verticalité dans notre entreprise reposent sur cet équilibre.

Un conseil pour les entrepreneurs ?

Si j’en ai vraiment un à donner : ayez un domaine de compétence dans lequel vous êtes reconnus. Cela vous permettra de constituer une équipe complémentaire autour de cette compétence, de prendre un véritable rôle de leadership dans ce domaine, et in fine, d’avoir une vision plus globale.