Dans ce contexte de crise sanitaire, lorsqu’on est chef d’entreprise il est difficile de s’y retrouver.

On nous demande de travailler quand c’est possible mais quand on se fait arrêter au rond-point du coin on nous dit de rentrer chez nous.

On nous annonce un plan massif de soutien aux entreprises mais quand on veut en bénéficier on s’aperçoit qu’il y a toujours quelque chose qui nous rend inéligibles. Soit parce que les fondamentaux d’avant crise n’étaient déjà pas propices à un soutien bancaire, soit que les fondamentaux d’avant crise le permettaient mais ne le permettent plus dans un contexte de baisse drastique de chiffre d’affaire. Allez comprendre, si on sollicite ces aides c’est justement qu’on en a besoin non ?

Tous les patrons un peu plus épargnés par leur marché qui pensaient qu’ils allaient pouvoir limiter la casse en produisant partiellement se rendent compte au fil de l’eau que ce qui paraissait possible en appliquant les gestes barrières l’est de moins en moins tant le discours sur la contagiosité a été dicté par la pénurie de moyens.

Le tout influencé par une absence de stratégie sanitaire claire, une absence de modélisation de ce qui nous attend et un manque d’échéance au moins de principe pour pouvoir réussir le redémarrage au niveau organisation.

Bref, les dirigeants qui ont l’habitude de se « driver » et de prendre en main leur destin sont déboussolés.

Certes tout n’est pas négatif, chacun sent bien que l’après devra être différent et que cette crise pèsera lourd sur les choix futurs des politiques. Il y a une opportunité à mettre tout à plat et à changer les hérésies du passé : délocalisations excessives, manque de souveraineté dans les approvisionnements stratégiques, sous-traitance de la valeur ajoutée, échanges économiques ubuesques, mais ça ce n’est pas l’avenir immédiat.

Combien de boites en France qui pourront tenir au-delà de 2 mois sans activité ? C’est ça le sujet des patrons aujourd’hui et au final du pays.

Pour moi l’enjeu du gouvernement est de trouver une stratégie qui permette de redémarrer l’économie au plus tard dans 1 mois, sinon en plus d’une catastrophe sanitaire on aura une catastrophe économique. Il faut se souvenir que les emplois sont portés par les PME et nous chez Wikane, qui sommes au contact de ces entreprises tout au long de l’année, nous en connaissons les fragilités.

Au-delà de 2 mois de confinement la grande majorité de ces entreprises licencieront en masse quand elles ne disparaîtront pas.

Alors on fait quoi ? on tente ça aussi ?

Michel COURTOIS